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L’artisanat


La bijouterie est prise en charge par les forgerons ( Inaden) hommes.

Les inaden, c’est une caste noire venue du sud, probablement du nord Mali. C’est une population d’un physique plutôt grand, élancé et d’une physionomie fine. Ils sont appelés également les hommes du feu, ils connaissent bien le feu, ils le maitrisent, c’est sur le feu que repose l’essentiel de leur travail. Ils achètent du charbon, ce n’est pas eux qui le fabriquent. Le charbon leur est livré par des nomades, ces gens qui vivent en pleine nature et qui font aussi du commerce de charbon de bois.
Les inaden ne sont pas esclaves, ils ne l’ont jamais été, ils sont venus de leurs pleins grés, pour chercher de quoi nourrir leurs enfants. Ils se sont volontairement rangés du côté des populations noires et ils ont toujours fait la jonction entre ces esclaves libérés et leurs anciens maitres, ils sont sollicités dans toutes réunions afin de mener avec les notables tout débat pour trouver solution à quelques problèmes que ce soit ou tout simplement mener à bien des réflexions pour le bien-être de tout un chacun.
Les inaden sont des personnes rieuses, moqueuses et qui aiment faire rire. Ils ont contribué au développement des vergers car en parallèle à la bijouterie, ils fabriquent tous les outils nécessaires au jardinage.
La forge (ahansawa) a de tout temps été le lieu de vie d’un village, presque tout le monde s’y est retrouvé un jour, pour faire fabriquer un bijou, un outil quelconque ou tout simplement parce que l’ambiance y est très conviviale et agréable, on y sert du thé vert à longueur de journée, on demandera à l’un ou à l’autre de préparer ce thé ou même de s’installer entre les deux peaux de chèvre qui servent de soufflerie (tishad) pour les activer afin de faire rougir le fer et de faire bouillir la théière.
La vie d’un village est discutée dans la forge (ahansawa), là aussi, bavardages, réflexions, recherches de solutions. Les inadens se mettrons, eux aussi à cultiver des parcelles de terre, pour faire des céréales et des légumes pour la maison et du foin pour les bêtes, la confection de bijoux et d’outils ne suffiront jamais à subvenir aux besoins du clan.
Si les hommes s’occupent des métaux, ce sont leurs femmes (tinaden) qui vont façonner le cuir pour en faire des sacs à main (asawaytam), des grandes poches garde manger (ighergan), tout l’apparat pour décorer la maison et même les chameaux lors des grandes manifestations, mariages ou autres. Leur travail ornera aussi toutes sortes de vanneries. Elles irons aussi dans les jardins afin d’aider à semer, nettoyer, enlever les mauvaises herbes, qu’elles ramènerons le soir pour nourrir les bêtes, c’est comme toutes les autres femmes du village. Elles apprendrons à leurs filles toutes les tâches et surtout leur métier d’artisanes, les garçons recevrons un apprentissage à la forge auprès de leurs papas, ils commencerons par faire fonctionner la soufflerie tout en regardant les grands et écouter attentivement les conseils qui leur seront prodigués.


Le cuir (elam), les cuirs (ilamawen)

La peau de chameau est utilisée par les artisanes. Dans un premier temps elle sera étendue à même le sol, maintenue par des piquets en bois pour qu’elle puisse rester tendue et qu’elle ne fasse pas de plis qui favoriseraient de la moisissure. Elle sèchera ainsi et se conservera jusqu’au jour où elles auront le temps de la travailler. Le temps venu, la peau sera mise dans de l’eau pendant plusieurs jours afin de l’humidifier et pour la maintenir humide, elle sera enterrée dans du sable qui sera régulièrement mouillé, ainsi la peau ne sera pas en contact avec l’air qui risque de la moisir, la même procédure sera faite pour la peau de chèvre, de mouflon ou encore d’autruche.

La peau de chameau sera transformée en lanières grossières et fines, ces lanières ont plusieurs rôles à remplir, les plus grosses seront tressées, (elles seront plutôt torsadées) pour faire des cravaches (éghét) que l’on utilise pour faire avancer le chameau, elles servent aussi de décoration pour l’apparat du chameau. Les plus fines feront l’ornement de ces cravaches mais aussi de tant d’autres choses. Avec le cuir du chameau on confectionnera des sandales (ighatemen) la semelle est constitué de plusieurs couches qui seront cousues par les fines lanières et décorées également. Les lanières grossières serviront aussi à maintenir ensemble des tiges de branches de palmier dont on fera des sommiers.

La peau de chèvre deviendra après tannage (le tanin est fait aujourd’hui avec la peau de grenade ou du tamarin (aggar en tamahaq), une outre (abayogh ou agadod), pour transporter de l’eau et la faire rafraichir ou alors, après être tanné, elle sera rasée pour devenir de petites outres à lait (agiwer) il faudra deux outres pour le travail du lait, une première pour stocker le lait jusqu’à la fermentation et une deuxième pour le battre ou barater (asendou) et en extraire le beurre (oudi) . Des fromages seront confectionnés aussi, avec du lait entier on fera de la (takamart) ou au pluriel des (tikamaren) des fromages plats que l’on égouttera et fera sécher sur des nattes en paille, un autre fromage sera produit avec du lait maigre (awillous, pl: iwilsan) à qui on donnera par contre la forme de petits galets et qui égouttera et sèchera de la même manière que takamart. Le beurre (oudi) très frais et blanc, on en donnera aux nouveaux nés et aux petits enfants, les adultes en mangeront lors de la récolte de champignons (terfas). La plus part du temps, le beurre sera cuit avec une plante médicinale (aynessis) pour assurer sa conservation dans des jarres en calebasses sèches et recouvertes de cuir (tahatint, pl: tihitan)

La peau de mouflon sera tannée également et rasée, il en faudra jusqu’à une douzaine pour faire une belle tente touarègue (éhaket).
© 2016 Daniel