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Idélès


C'est en écoutant les anciens, raconter des histoires que leurs parents leurs avaient déjà contées, que nous avons évalué à peu près l'âge de notre village. Henri Duverrier qui ne serait pourtant jamais venu dans l'Ahaggar a pu, en 1860, dessiner une carte géographique de ce massif, nous y constatons qu'Idélès était déjà un village habité. Les voyageurs, qu'il a eu le plaisir de questionner, afin d'avoir le plus d'informations possible sur les oueds et les montagnes de l'Ahaggar, lui ont racontés qu'il y avait même une mosquée en toub (argile compressée) à Idélès. D'autres recherches ont démontrées que cette dite mosquée a été construite par El-Hadj Ahmed vers 1847.
L'ahaggar étant divisé et partagé entre plusieurs ethnies, pour des raisons de maintient et de protection de la flore et de la faune, c'était les règles ancestrales gardées par l'Aménokal, roi des Imouhaghs. Ces règles étaient très respectées et appliquées par tous. Notre cher village était ou est toujours sur les terres des Iboghiliyen ou Dag-Aghali, qui eux même vivent sur le flanc ouest de l'Ahaggar, dans la vallée nommée Ilaman, avec en amont ce célèbre pic du même nom. Un village s’est construit bien plus tard aux abords de cette vallée, on le nomma Ilaman. Ces patrons d'Idélès étaient comme beaucoup d'autres personnes de la région, de grands voyageurs, qui allaient faire du troc, soit dans le grand sud, dans l’aïr au Niger, pour en ramener des étoffes essentiellement ou du mil. Vers le nord, à In-Salah plus exactement, ils allaient échanger leurs produits ramenés du sud contre des dattes sèches. C’est lors d'un de ces longs déplacements à In-Salah qu'ils urent a discuter avec des anciens esclaves affranchis mais qui sont restés chez leurs anciens maitres pour travailler dans les cultures. Ils leur proposèrent donc de les ramener dans l'Ahaggar et qu'ils pourraient travailler des terres fertiles où jamais rien n'a été cultivé. Nos chers maîtres Imouhagh ne voulaient que des dattes pour ne plus avoir à aller les troquer si loin. Le contrat était donc de faire pousser des palmiers dattiers pour les propriétaires et que tout ce qui pousserait en dessous reviendrait aux cultivateurs. Nos amis Haratin (les libérés) acceptèrent et prirent place dans la caravane en provenance du Touat vers l'Ahaggar. A Idélès, quelques uns d'entres eux y ont trouvé domicile quand d'autres et en plus grande colonie se sont retrouvés à Abalessa. Notre petite région commença à prendre vie, prendre forme et surtout à prendre des couleurs. Voila les dattiers plantés et en attendant les récoltes, les Haratin ont fait poussé toutes sortes de céréales, notamment du blé, de l'orge, du sorgho. Plusieurs années plus tard voilà l'arrivée des dattes et tout le monde y trouva son compte, ces contrats sont valables jusqu'à aujourd'hui.


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La population


Les gens de Idélès sont originaire du centre et de l’est de l’Algérie, du Niger, du Nord Mali (Azawad).
L’oued Idélès (edales) est une rivière importante qui prend sa source à l’Est de l’Atakor, dans le petit massif du nom de In-Tarayen. Edales s’appellera plus bas Egharghar, il rassemblera les eaux du Nord de l’Ahaggar, du Fadnoun et des Ajjer côté ouest, pour les remettre à l’oued Tafassasset, qui en son temps allait grossir le lac Tchad.
Restons pour le moment dans la région „Edales“. Cette partie qui était autrefois pleine de massettes de tipha „tahlé“ ces longues tiges vertes qui servent à la fabrication de huttes. Des personnes venaient de loin pour couper et faire sécher ces massettes. Nous rappellerons que cette terre appartient aujourd’hui encore aux Dag-Ghali, il fallait donc leur aval pour venir couper de quoi faire sa hutte. Le long des berges, des bandes de terre cultivable bordent la rivière, les Dag-Ghali ne sont pas cultivateurs, ils possèdent des troupeaux de chèvres de moutons et quelques chameaux. Ils étaient chargés, par les lois pastorales de veiller sur la région dont ils sont responsable, veiller dont au bien-être de la faune et au renouvellement de la flore. Pour ce faire, ils permettaient à des tierces personnes de faire paitre leurs troupeaux en échange d’informations. Il faut dire que les Dag-Ghali vivent sur le flan sud-ouest de l’Ahaggar.
Les Dag-ghali que l’on appelle aussi Iboriliyen, dans un souci de réduire les caravanes, avaient demandé à des ancien esclaves à In-Salah de venir cultiver les terres bordant les berges de Edales. Ces premiers sédentaires s’installèrent vers 1840 environs, puis vinrent d’autres personnes, notamment de la région ouest du Touat, à quelques deux cent kilomètres de In-Salah, cette fois ci ce sera un tribu d’hommes blanc, parlant arabe et lisant le coran, ils ouvrirent des écoles coranique et apprirent à qui le voulait, à lire et écrire. Pour vivre, ils durent aussi se mettre à cultiver, élever des bêtes et pour les plus marabout d’entre eux, à pratiquer la médecine douce, leurs femmes allaient chercher des plantes pour soigner tandisque que certains hommes utilisaient les versets du coran.
C’est comme ça, à partir de simples cultures, la petite oasis devient doucement plus grande, voyant arriver tous ces gens différents. On y compte, des Haratines, des Issaqamaren, des kel Ghazzi, des kel Têt, Eklan, kel Ajjer, des Ifelanen, des Iwillimiden, Ihaggaren, kel Oulli, et enfin des Aït-Lawayen. A Edales, on parle Tamahaq, l’arabe, le hawsa ou Tawinant et le français.

© 2016 Daniel