vivre au Saharala beauté de la nature

Introduction

Dans l’esprit collectif, souvent on a tendance à croire que l’homme préhistorique est un individu dépourvu de pouvoir de créativité et qu’il obéissait à un mode de vie très restreins, qui se résumait à la satisfaction de ses besoins primaires. Cette croyance n’est pas fausse certes, mais constitue une infime partie de l’existence de cet homme. C’est grâce aux fouilles que l’on découvre la véritable fresque de la préhistoire. Elles nous ont permis non seulement de cerner les origines de ces civilisations éteintes, mais de croire aussi et surtout que l’homme est un artiste né.
Cet art remonte à des millénaires, et pourtant il suscite une fascination et un intérêt inchangé pour toutes générations confondues. Les quelques traces laissées et les œuvres découvertes sont la preuve du génie de ces hommes et qu’à cette époque déjà il atteignit un niveau de spiritualité très élevé. Ce génie se traduit par exemple par l’ingéniosité des créations des outils pour la réalisation de leurs travaux artistiques.
Les plus impressionnantes parmi ces manifestations sont très certainement les peintures et gravures rupestres. Véritable machine à remonter le temps, leurs contacts suffit pour avoir un sentiment d’émerveillement, et de respect. L’émotion ressentie devant cet art rupestre est d’autant plus grande que lors de la vue d’un tableau de C.Monet ou N.Dinet puisque s’ajoute à ces œuvres elles-mêmes le contexte dans lequel elles sont conservées c’est à dire dans leurs milieux d’origine (en plein air).



Datation et ancienneté de l’art 

Beaucoup de chercheurs se sont penchés sur la question de la datation de cet art. Au départ, R.Vaufrey, L.Balout, G.Camps considèrent qu’il est d’origine Néolithique de tradition Capsienne. Plus tard, leurs réflexions évolue et font remarquer que le monde préhistorique est constitué de chasseurs et donc les représentations peuvent remonter au Paléolithique.
La patine qui est un phénomène physico-chimique liés à la nature et aux agents extérieurs, elle constitue l’élément de base permettant de situer ces manifestations.
L’absence de patine implique une création récente, contrairement à une patine foncée, qui peut même avoir la couleur de la roche témoigne de l’ancienneté de l’œuvre.
Cette technique est fiable mais pas sans difficulté, plusieurs facteurs d’influence rentrent en considération, la rapidité de la patinisation qui est liée elle-même au trait et à sa profondeur, à la température, à l’humidité, l’inclinaison face au soleil et aux vents souvent violents en hauteur.

Art de plein air et art d’obscurité 

Des idées préconçues peuvent nous mener à croire que l’art rupestre repose seulement dans l’obscurité, c'est-à-dire sous des abris sous roches, des grottes, cavernes…etc.
En réalité, ce type de pratique est représenté surtout en Europe (France, Espagne, Italie.. etc.), d’un autre côté, il existe des milliers d’autre peintures et gravures situées sur des sols indurés ou des parois de montagnes, en plein air. L’exemple, le plus frappant dans ce cas là se trouve dans le Sahara et particulièrement dans les formations montagneuses du Hoggar ou les hauts plateaux, comme le Tassili N’Ajjer.
L’accessibilité à l’art rupestre n’est pas toujours aussi direct ou totale, certains sont visibles par n’importe qui circulant sur le territoire, sans avoir recours à une lumière artificielle pendant le jour, ni a un univers clôt, particulièrement dangereux. D’autres, se dissimulent sous des abris, des coins, des failles.., qui ne sont pas immédiatement repérables.

Classification des périodes selon H.Lhote 

a) L’art bubalin : cet art remonte a 20 000 ans av JC, il acquiert son nom d’un animal nommé « bubale antique » fortement représenté en ce temps là et qui a disparut au cours du Néolithique. L’art bubalin se caractérise par son naturalisme, la grandeur des dimensions et ces techniques de trait poli, profond et régulier. A travers ces œuvres on découvre un homme préhistorique qui vit en symbiose avec la nature et particulièrement avec les animaux qu’il affectionne particulièrement, ce qui a mené les chercheurs a lui attribué le nom aussi de « l’art des chasseurs ».
b) L’art des têtes rondes : est apparu depuis plus de 10 000 ans av JC, contrairement a l’art bubalin il est composé essentiellement de représentations humaines à têtes sphériques d’où le nom «  l’art des têtes rondes ». Celles- ci sont soit réduites a de petites dimensions soit au contraire a des dimensions très grandes. Si l’on remarque dans les manifestations une diminution de technique L’apparition d’hommes masqués témoigne de la naissance de la spiritualité, des rituels et de la magie.
c) L’art bovidien : elle se situe entre 7000 et 2000 ans av JC .cette période confirme sans nul doute le faite que l’homme est passé de statut de prédateur à celui de producteur. Les fortes concentrations de représentation de bœufs ornés de colliers, longes etc sont la preuve de l’activité de domestication. Les seines de vie quotidienne sont très présentes.

Les inhumations de bœufs 

Le bœuf est l’un des animaux des plus présentes dans l’art rupestre, au point que les études d’archéozoologie parlent de sacralisation de ces animaux par les hommes.
C’est a travers la découverte d’ossements démunies de cornes soigneusement enlevés que les chercheurs pensent qu’il est probable que ces cornes furent utilisés à des fin magique.

d) L’art caballin : c’est Théodore Monod qui attribut le nom de « Caballin » a cette période en raison de la manifestation du cheval domestique. Elle est située au milieu du 2éme millénaire de notre ère.
Les personnages sont représentés d’une manière schématique accompagnés de troupeaux bovins, chèvres et moutons. La vie sociale en cette période a probablement évolué en raison de la présence de scènes de discutions, de huttes, de mobilier semblable aux sacs de franges des Touareg qui témoigne de l’évolution du niveau de vie de ces hommes.
Le cheval a participé à l’amélioration du mode de vie des hommes, face au début de l’hostilité de son habitat. Il a servit de moyen de transport, a la chasse, et autres tâches domestiques.

L’origine du cheval : des suppositions laisse à croire que le cheval a été introduit par l’Egypte, mais la particularité du char poussé par ce cheval saharien démontre cela, en effet, ce char n’est assimilable a aucun autre dans le monde, ce qui nous mène à croire que cette espèce est propre a la région (le Maghreb) et qui est dénomme « Equuq algericus ».
C’est en cette période qu’on observe aussi la présence des premières écritures puisées probablement des tatouages, elles sont caractérisées par leurs complexités dues à l’absence de voyelles et de séparation entre les mots.

e) L’art camelin : parut au début de l’ère chrétienne, cet art marque la fin de la période préhistorique. Le chameau remplace peu à peu le cheval, signe annonciateur de la désertification du milieu. Le style des représentations devient de plus en plus schématique.
Cette période se caractérise par la prolifération des caractères alphabétique appelés «  lybico-berbère ».

D’autres expressions artistiques 

moins célèbres que l’art rupestre, il existe d’autres mouvements artistiques qui témoignent une fois de plus de la capacité de l’homme de cette époque à créer
des chefs d’œuvres.
Pendant le néolithique, les origines géographique des pièces retrouvées se situe essentiellement dans les massifs centraux sahariens, particulièrement au Tassili N’Ajjer et Hoggar.
Parmi elles, nous pouvons reconnaître des représentations anthropomorphes, dont celles de Tabelbalet (Tassili N’Ajjer).
Par ailleurs on sait que d’autres manifestations ont vu le jour, bien plus tôt dans les gisements ibéromaurusien, à Tamar Hat et Afalou Bou Rhummel dans les régions de Béjaia, où elles ont été datées de 20 000 ans av JC pour les plus anciennes.
De nature zoomorphe, on peut y dégager des bovins ou mouflons.
Les cérémonies funéraires nous laissent aussi des traces de l’art préhistorique, en effet, les hommes en ce temps prenaient soin à bâtir des édifices pour les morts.la nécropole de Djorf Torba qui se représente comme un vaste ensemble de tumuli en témoigne par exemple.


Les signes curvilignes du Sahara algérien 

Timissit 

On évalue le nombre de signes à 170 répartis sur 47 dalles en rive ouest et 23 dalles en rive opposée. Les spirales simples et cercles concentriques occupent une large place sein de cet échantillon. Leurs diamètres sont compris entre 10 et 35 cm. Viennent ensuite les spirales développées en ruban (l’extrémité de l’une d’elles se termine en tête de serpent), les spirales jointives et doubles, les ovales de 5 cm de long, les cercles simples ou doubles desquels partent des traits parallèles, les arceaux concentriques, les cheverons emboités, les peignes a dos courbe, les lignes signeuses et pour finir plusieurs séries de cupules d’incision oblongues de taille centimétrique.
A proximité de ces signes sont gravées sur deux dalles des empreintes de main et un pied de taille réduites et d’autre part, une tête de bovidé munie d’une corne unique, courte, épaisse, recourbée vers l’avant. Suivant ces parutions l’art abstrait de timissit pourrait dater du 6éme millénaire av JC. Mais le problème de la datation demeure, car avec la parution d’animaux sauvage cela piétine la potentialité que cet art soit contemporain, ce qui a été le cas lors de la gravure trouvée au Mereksem Ouest, où ont été relevées 4 spirales et une vingtaine de figures schématiques d’animaux, parmi eux des éléphants, et des bovidés.



Ti –n- Toulloult 

Située à Oued djerat, il abrite quelque 3000 gravures réparties sur une trentaine de kilomètres. Le site de Ti-n- Toulloult est caractérisé par l’abondance de spirales, 50 exemplaires en tous, soit le tiers des gravures relevées en cette région.
Là aussi, il y a difficulté a daté et a traduire les œuvres, les spirales gravées par exemple n’obéissent pas a un emplacement précis, on peut les retrouver tantôt au dessus de la tête d’un hippopotame, tantôt devant la tête d’un humain en marche.
C’est à travers ces observations que les chercheurs ont supposés que les spirales ont été gravées avant les hommes ou les animaux, ou vis versa. Cela dit rien n’est certain, et l’existence d’un art rupestre symbolique à Djerat mêlant spirales et figurations animales et humaines, reste donc a faire.



Ahtes, Amessera, Edjidj, Ifreg I, Imutal, Tadreq-n-Elisabeth, Tamanrasset 

On a relevé en ces lieux plus de 900 motifs curviligne .la plus part sur des roches granitique.les dalles gravées furent privilégiées à ces latitudes pour la réalisation de ces signes.la technique utilisée est le piquetage, quelques tracés ont été polis.la patine est plus claire que la roche.la spirale domine en tous lieux.la famille des cercles est variée ; des simples, des doubles reliées a des traits. Le style des représentations est sans nul doute abstrait.
L’art rupestre est l’un des domaines qui nous donne le plus de détails de ce qu’était la vie autre fois, une terre riche en végétation qui abritait une faune aussi variée qu’aujourd’hui au nord (girafe, éléphant, hippopotame..Etc.).
L’homme grâce a son intelligence a su durant des millénaires s’adapter a cet environnement en permanente mutation. Laissant pour héritage les traces d’un passé du berceau de l’humanité.

texte Rym Belalem

© 2016 Daniel