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Tamahaq



La langue des imouhagh c'est tamahaq ou tamaheq (en Ahaggar, Ajjer et au sud-ouest libyen) tamasheq (dans l'azawad), tamadjeq (dans l'Aïr).
Il y a, bien entendu, des différences de prononciations pour certains mots, on reconnaît des accents selon les régions. Au Niger ces différences sont plus nombreuses et bien plus accentuées.
Tamahaq comme tamadjeq ou tamasheq, sont imprégnées de la langue nationale du Pays où elles sont parlées. En Algérie, nous y entendrons des mots d'arabe et parfois même de français.
Dans l'Azawad, quelques mots de bambara se mélangent au français dans la bouche des azawadiens.
Au Niger c'est le Hawsa que l'ont peut entendre entres les mots de tamadjeq tandis qu'en Libye c'est uniquement l'arabe.
Certains mots changent complètement d'une région à une autre, d'autres n'existaient pas et ont dû être ajoutés. C'est là que rentre en jeu la langue étrangère.
Au Sahara, d'autres peuples vivent en parfaite harmonie avec les imouhagh, tous ont gardés leur langue. Nous retrouverons à côté de la langue tamahaq, le toubou dans le Nord-Est du Niger et dans le Sud de la Libye. Dans le Centre du Niger, nous entendrons des personnes arabophones, venues d'Algérie il y a plus d'un siècle et d'autres parlant une autre forme d'arabe, qui elles seraient venues de Mauritanie voilà plus de cent ans également. Nous retrouverons ces mêmes populations maures dans l'Azawad comme dans le Sud algérien. Ainsi plusieurs langues sont parlées dans le Sahara.
Tamahaq est le mot féminin pour designer la langue mais aussi la femme, son masculin est amahagh (désignant uniquement l’homme touareg et non la langue)
Le mot tamahaq est au singulier, le pluriel sera timouhagh et pour le masculin pluriel c'est imouhagh.




Tifinagh



C’est le nom de l’écriture utilisée par le monde des imouhagh. Utilisée est un bien grand mot, elle ne l’est malheureusement presque plus aujourd’hui. Cette écriture n’est composée que de consonnes pour ainsi dire et d’une seule voyelle, que l’on appelle tégharit (le cri) pour dire qu’elle est essentiellement marquée comme A, une consonance haute et longue par moment.
Certaines lettres se mélangent à d’autres pour obtenir un son double, souvent comme terminaison.


Les voyageurs trouveront ces lettres gravées sur des rochers. Nous n’avons pas de datation précise sur ces gravures et personne ne peut prétendre savoir les lire ou le déchiffrer, c’est certainement une ancienne langue qui est gravée à tout jamais sur ces rochers, ou alors tamahaq aurait subit une telle évolution que nous en avons perdu beaucoup de mots. Certains disent que tamahaq découlerait du mot tamazight qui serait sans doute le mot tamazart (mot connu de nos jours) et qui veut dire „la première“. Serait-ce la première langue écrite ou parlée ?

Pour les imouhagh, toute gravure et peinture rupestre est désignée comme tifinagh, donc le mot tifinagh veut dire aussi „dessin“, ou encore, pour écrire, nous dessinons notre message.

Une petite anecdote (familiale), mon père a eu la chance de traverser le tassili des Ajjer en 1949, il avait loué les services d’un amahagh et ses chameaux pour se rendre à Illizi en provenance de Ghat en Libye. A l’époque Illizi n’était qu’un tout petit village qui a grandi pour devenir un chef lieu de wilaya aujourd’hui. Pendant ce voyage qui durera un mois, le guide proposa les tous premiers jours de montrer des tifinagh. Mon père, ayant déjà vu l’écriture lors de son séjour à Ghat, refusa en se disant : „je connais et je n’arriverai de toute façon pas à les lire“. Trois jours plus tard, alors qu’il ignorait l’existence de peintures dans le tassili, il en repèrera quelques unes dans un abri, il demanda alors à son guide de faire halte pour admirer cet art dont il a entendu parler mais jamais approché en ces lieux désertiques. Il dit à son accompagnateur de lui faire signe à chaque fois qu’ils passeront à proximité de belles choses comme celles là. Le guide répliqua : „ça fait deux jours que je te demande si tu veux en voir, c’est de cela que je parle en disant tifinagh“.


La langue tamahaq ne domine pas dans le Sahara Central. Il ne faut pas oublier qu’il y bien d’autres langues qui sont parlées et que les Imouhagh ne sont pas les seuls maitres de ce grand territoire. Les Chaâmba, les Toubou, les Haoussa ont sillonnés le désert depuis bien longtemps pour faire du commerce, faire des ziara (pèlerinages) ou tout simplement pour rendre visite aux proches.


© 2016 Daniel